Depuis plus de vingt ans, les Institutions européennes mais aussi les éleveurs, leurs vétérinaires et leurs services de santé animale savent que les menaces sanitaires sont et seront de plus en plus fortes pour l’élevage européen. Plus que jamais, il est exposé à de multiples risques sanitaires en dépit des efforts et de la mobilisation de tous. Les deux grandes épizooties auxquelles l’Europe doit faire face aujourd’hui - Influenza Aviaire Hautement Pathogène (IAHP) et Peste Porcine Africaine (PPA) - attestent de l’ampleur de la problématique. La gestion de ces maladies est de plus en plus difficile du fait de leur installation dans la faune sauvage locale.
En parallèle, les méthodes de lutte utilisées depuis plus de 50 ans, fondées notamment sur des abattages préventifs massifs, sont de plus en plus contestées. Si leur efficacité a été largement démontrée dans la lutte contre la Fièvre Aphteuse et la Tuberculose au siècle dernier, ces méthodes employées dans le contexte actuel ne permettent plus seules d’éradiquer rapidement les épizooties. De surcroit, elles ne répondent pas aux attentes sociétales d’aujourd’hui.
Dans ce contexte, notre fédération vient d’organiser un atelier consacré aux adaptations nécessaires de la gestion de la PPA et de l’IAHP et un séminaire des Chefs des Services Vétérinaires portant sur la protection des élevages face aux animaux sauvages. Ces deux évènements ont confirmé tout l’intérêt de l’objectif d’éradication des épizooties. Mais ils ont également montré l’importance de la prévention avec le développement de mesures de biosécurité et de surveillance. Enfin ils ont aussi souligné l’importance des pouvoirs publics européens et nationaux face à des menaces allant bien au-delà des moyens de chaque éleveur.
A la lumière de ces travaux, il est essentiel que dans chaque pays, l’Etat :
- Mette en place et coordonne la surveillance des maladies animales dans la faune sauvage,
- Contrôle efficacement les activités de chasse et encadre la gestion des populations animales sauvages,
- Conduise les actions avec toute la rigueur nécessaire pour assurer l’éradication des maladies de catégories A et B (classification de l’Union Européenne) dans les espèces sauvages sensibles.
Aujourd’hui ces missions sont plus que jamais vitales pour protéger la santé des animaux, des hommes et de l’environnement. Malheureusement elles sont compromises du fait des difficultés budgétaires de la Commission Européenne. Le budget prévu pour assurer le co-financement des mesures de surveillance et de lutte, soutien impératif pour garantir une gestion homogène des crises sanitaires sur le territoire de l’Union, ne suffit plus. Au lieu de chercher à l’augmenter, la Commission propose de réduire les taux de cofinancement pour les années à venir afin de respecter les objectifs budgétaires sur la période 2021 – 2027. Un tel choix a été dénoncé par l’ensemble des Etats membres car il menacerait les capacités de chacun d’eux dans le domaine de la santé animale. La FESASS est extrêmement préoccupée par cette situation et soutien les demandes des Etats Membres. Il est crucial pour l’avenir que les services vétérinaires disposent des moyens adaptés à l’ampleur des enjeux. L’Europe et ses Institutions ont un devoir impératif ici.