Atelier sur la gestion des maladies vectorielles au Parlement Européen

Notre fédération a organisé avec l’eurodéputé belge Benoît Cassart, un atelier sur la gestion des maladies vectorielles le 11 décembre 2024. En effet, la forte progression de FCO au travers de l’Union européenne notamment des sérotypes 3 et 8 ainsi que la poursuite de l’avancée de la MHE en France sont très préoccupantes et attestent de la nécessité d’une meilleure coordination au niveau européen.

Un contexte difficile et hétérogène

Le cadre règlementaire européen adapté par la Loi de Santé Animale (Règlement (UE) 2016/429 du Parlement et du Conseil) a « rétrogradé » la FCO en maladie à éradication volontaire. Avant ces évolutions, la règlementation prévoyait l’application de mesures d’urgence contre cette maladie au même titre que pour la Fièvre Aphteuse. Ce nouveau classement est avant tout pragmatique. Il constitue en quelque sorte un aveu d’impuissance face à des maladies véhiculées par des vecteurs, les culicoïdes, très présents dans de grandes parties de l’Union Européenne. Désormais, la règlementation vise avant tout à réduire les risques de progression de ces maladies en interdisant les mouvements d’animaux vivants depuis les zones contaminées vers les Etats Membres indemnes. Toutefois certaines dérogations sont possibles en s’appuyant notamment sur la vaccination quand un vaccin est disponible. Concrètement, les objectifs de la lutte et la gestion de la maladie relèvent donc des choix propres à chaque Etat Membre en fonction aussi des orientations de son secteur de l’élevage.

Ces dispositions règlementaires, les différences climatiques et géographiques entre Etats Membres ainsi que le profil de ces maladies ont conduit à des stratégies très différentes au sein de l’Union en matière de:

  • surveillance des vecteurs et des maladies,
  • vaccination (obligatoire ou pas, subventionnée ou pas),
  • mouvements d’animaux tant au plan national qu’intra-communautaires,
  • solidarité et d’indemnisation.

Face à cette situation, aggravée par le manque de disponibilité de vaccins, la FESASS a décidé d’œuvrer avec ses membres, les autorités compétentes et parties prenantes concernées, à la préparation des campagnes à venir et notamment 2025. Cela passe nécessairement par des échanges techniques et la recherche d’adaptation tant auprès des autorités nationales que des Institutions Européennes et Internationales (OMSA).

La nécessité d’une plus grande coordination pour une stratégie à long terme

L’atelier organisé au Parlement visait donc à faire le point sur trois problématiques essentielles : gestion sanitaire de ces maladies vectorielles à culicoïdes, gestion des mouvements intra-communautaires d’animaux vivants dans ce contexte épizootique, condition de disponibilité des vaccins. Après avoir rappelé les préoccupations et besoins de coordination face à ces deux épizooties, Benoît Cassart a donné la parole au Docteur Francisco Reviriego Gordejo, Chef de l’Unité Santé Animale de la Commission Européenne. Ce dernier a rappelé la situation épidémiologique, la règlementation en vigueur et le travail conduit par la Commission dans un esprit de transparence et de progrès (cf. présentation).

Didier Delmotte, Président de la FESASS, et Stéphane Jeanne, Premier Vice-Président de la FESASS, ont ensuite présenté la vision de notre fédération en ce qui concerne la gestion sanitaire de ces maladies. Ils ont insisté sur le besoin de coopération et de coordination au plan européen entre les autorités compétentes et les parties prenantes. Ils ont ensuite détaillé les propositions de la FESASS pour une gestion plus efficace de la maladie en s’appuyant sur une surveillance renforcée et ciblée, une vaccination massive et une régionalisation adaptée (cf. présentation).

La Docteur Lianne van Dongen, Directrice Vétérinaire et représentante de l’UECBV, a insisté sur l’importance et l’étendue géographique de la dégradation de la situation épidémiologique en 2024. Elle a ensuite détaillé les conséquences de ces évolutions pour le fonctionnement du Marché Unique en lien avec l’application des exigences de la LSA. Elle a ensuite demandé des adaptations rapides de la règlementation avec des efforts d’harmonisation afin de faciliter les échanges (cf. présentation).

Enfin, Roxane Feller, Secrétaire Générale d’AnimalhealthEurope, a rappelé les principales maladies vectorielles présentes ou qui menace l’Union en soulignant que certaines peuvent avoir des conséquences zoonotiques graves. Elle a montré que la vaccination est un recours efficace contre ce type de maladies mais que malheureusement nous ne disposons pas de vaccins pour nombre d’entre-elles ou pour certains de leurs sérotypes. Elle a précisé que le développement du vaccin contre le virus de la FCO sérotype 3 en seulement 8 mois est une exception car le processus habituel demande 10 à 15 ans. Elle a donc fait diverses propositions pour permettre une disponibilité plus rapide des nouveaux vaccins en cas d’émergence (cf. présentation).

A la lumière de ces exposés et des échanges qui ont suivi, l’eurodéputé Benoît Cassart a conclu l’atelier en soulignant la nécessité d’une réelle harmonisation à l’échelle européenne des stratégies et des exigences face à ces maladies. Il a insisté sur l’intérêt de la vaccination avec l’objectif de permettre le rétablissement d’échanges intracommunautaires plus fluides et de garanties sanitaires proportionnées. Il a invité les participants à continuer d’agir en ce sens.